édition 47

Les 7 piliers de la croissance

Un programme pour doper la croissance des entreprises wallonnes

Une initiative d’EY en collaboration avec ECHO CONNECT ET TIJD CONNECT

La petite taille des entreprises wallonnes les rend fragiles. Pour soutenir leur développement, EY a conçu le programme Boost your Growth qui leur permet d’activer sept leviers afin de stimuler leur croissance. Présentation et éclairages par Marie-Laure Moreau, associée audit et responsable Wallonie chez EY, et Pierre Rion, serial entrepreneur et président du fonds W.IN.G.

Quelle est la situation des entreprises wallonnes?

Marie-Laure Moreau: “L’étude que nous avons consacrée en 2018 aux pépites wallonnes montre que la taille des entreprises du sud du pays est inférieure à celle de leurs consœurs de Flandre et du nord de la France. Face à ce constat, soit on se contente de l’idée ‘small is beautiful’, soit on aide ces entreprises en soutenant leur croissance. Depuis deux ans, nous mettons à disposition des entreprises wallonnes le programme Boost your Growth, conçu autour de notre navigateur de croissance, l’EY Growth Navigator, qui constitue à la fois un diagnostic de maturité sur les sept piliers de la croissance de l’entreprise et un outil qui suggère des actions afin de doper la maturité de l’entreprise et lui permettre ainsi de grandir.”

Comment ce programme peut-il aider les entreprises?

Pierre Rion: “Pour faire sortir les entrepreneurs wallons de leur zone de confort, Boost your Growth a plusieurs vertus, notamment celle d’aider les dirigeants de PME à lever le nez du guidon. Souvent, dans les petites entreprises, le patron joue à la fois le rôle de commercial, de directeur financier, de manager... Un programme comme Boost your Growth le force à consacrer du temps à sa stratégie alors qu’il ‘fait de la tactique’ à longueur d’année. Après avoir réfléchi à la stratégie, il pourra faire appel aux experts d’EY comme à des sparring-partners avant de se tourner vers son conseil d’administration. En établissant une roadmap, il traduira cette stratégie en actions, listera les facteurs-clés de succès, identifiera les problèmes et les atouts pour faire avancer son entreprise.”

M.-L.M.: “Boost your Growth combine deux éléments essentiels de l’accompagnement de la croissance. Tout d’abord, des consultants dans divers domaines (technologie, RH, finance, risque, Supply Chain, stratégie, etc.) rencontrent chaque entreprise du programme afin d’étudier avec ses dirigeants chacun des sept piliers de croissance. Ensuite, tous les trimestres, nous les invitons à des ‘sessions inspirationnelles’ où ils partagent leurs expériences et se motivent les uns les autres. Ce programme allie donc conseil d’experts et coaching/mentoring par des pairs. Ces deux aspects, aussi importants l’un que l’autre, sont complémentaires.”

Pierre Rion

Pierre Rion

serial entrepreneur et président du fonds W.IN.G

Marie-Laure Moreau

Marie-Laure Moreau

responsable Wallonie chez EY

Clients

Quelle place les clients occupent-ils en tant que moteur de croissance des entreprises?

M.-L.M.: “Les clients constituent le pilier central. Les entreprises pensent généralement connaître leurs clients et leurs besoins. Or, susciter une véritable loyauté des clients, en faire des ‘fans’ de l’entreprise, est une étape à part entière! L’analyse définira si l’approche de l’entreprise est push ou pull. Pousse-t-elle ses produits sur le marché ou, au contraire, essaie-t-elle de comprendre les besoins des clients pour leur offrir des solutions répondant pleinement à leurs besoins — un élément essentiel pour susciter cette loyauté?

Ressources humaines

Quels sont les défis à relever en matière de gestion des talents?

P.R.: “Les entreprises sont confrontées à une importante rotation du personnel, car leurs concurrents n’hésitent pas à débaucher leur personnel – c’est de bonne guerre, mais compliqué à gérer. Attirer les talents dans l’entreprise et les fidéliser est essentiel. À ce titre, je recommande d’encourager le personnel à se comporter en intrapreneur, un concept sur lequel l’outil et les équipes d’EY peuvent faire réfléchir les dirigeants.”

M.-L.M.: “Les jeunes collaborateurs ont besoin de trouver un sens à leur travail, ils veulent de la reconnaissance et des responsabilités. Comment répondre à leurs besoins, les motiver, les attirer et les garder?

Opérations

Quelle analyse le programme déploie-t-il matière de gestion opérationnelle?

M.-L.M.: “L’objectif est ici d’examiner la stratégie opérationnelle de l’entreprise et de vérifier si son organisation est suffisamment efficace. La production est-elle délocalisée sur plusieurs sites présentant des complémentarités ou est-elle rassemblée sur un seul site? Comment la chaîne d’approvisionnement, la logistique et la production sont-elles structurées? Quelles collaborations la société a-t-elle mises en place avec ses fournisseurs? Gère-t-elle l’ensemble des services en interne ou mise-t-elle sur les forces de ses sous-traitants? Travaille-t-elle avec des centres de services partagés? Tous ces points sont étudiés dans le but de dégager des actions visant à atteindre l’excellence opérationnelle.”

Numérique et système d’information

On connaît l’importance de l’enjeu numérique aujourd’hui. Où en sont les entreprises wallonnes?

P.R.: “Un rapport établi par le cabinet Roland Berger classait en 2015 la maturité numérique des entreprises wallonnes à un niveau de 1,5 sur une échelle de 4. Par comparaison, le score des sociétés flamandes est de 2,5 et celui des entreprises allemandes de 3,5. Les gains de productivité que peuvent amener les outils numériques modernes sont pourtant considérables. La facturation électronique — d’application à application — pourrait ainsi faire gagner un milliard d’euros par an aux entreprises wallonnes. La crise du Covid-19 a montré combien le numérique était une clé salvatrice: comment aurions-nous pu continuer à œuvrer sans le télétravail, sans l’e-commerce?”

M.-L.M.: “Nous étudions le système de gestion interne de l’entreprise et la manière dont elle peut intégrer des outils de robotisation ou d’intelligence artificielle permettant d’automatiser les tâches chronophages pour se concentrer sur celles qui recèlent davantage de valeur ajoutée. La crise sanitaire a certainement accéléré le processus de transformation numérique des entreprises.”

Transactions et partenariats

S’adjoindre un partenaire, est-ce une clé de la croissance?

P.R.: “La majorité des entrepreneurs n’envisagent même pas l’idée d’une acquisition stratégique. Or, la croissance d’une entreprise est plus rapide au côté d’un partenaire qui la renforce. Les équipes d’EY peuvent l’informer sur les manières de réussir ce genre d’opération, sur les synergies et les mécanismes de financement possibles.”

M.-L.M.: “Tout à fait. Si l’acquisition peut se révéler un véritable moteur de croissance, les entreprises se tournent rarement vers cette solution. Elles en ont peur ou méconnaissent le processus, la façon de détecter les bonnes cibles, d’envisager les synergies, de réaliser une intégration. Toutefois, si l’acquisition peut accélérer la croissance, dans la pratique, il arrive que les entreprises ratent de telles opérations parce qu’elles n’ont pas bien géré les synergies ou l’intégration. Sans une bonne préparation, mieux vaut miser sur une croissance organique.”

Risques

Dans ce contexte, la gestion des risques est primordiale…

P. R.: “Elle est en effet plus cruciale que jamais, même si l’on ne peut évidemment anticiper une crise telle que celle-ci. Une crise complètement inédite et qui soulève de nombreuses questions. Comment appréhender une pénurie? L’entreprise a-t-elle prévu d’autres sources d’approvisionnement? Comment faire face à l’absentéisme du personnel? Comment organiser le télétravail?”

M.-L.M.: “De manière générale, être entrepreneur signifie prendre des risques, qu’il faut pouvoir gérer. Pour cela, l’entreprise doit les connaître et fixer son niveau d’acceptation des risques. Peu d’entreprises établissent une cartographie des risques et les recensent de manière systématique. Pourtant, si elles ne le font pas, elles ne peuvent les affronter de façon efficace!”

Financement

Quel type de financement choisir pour porter la croissance?

M.-L.M.: “Il existe d’autres sources de financement que les banques et les actionnaires, que ce soit la recherche de partenaires ou, en interne, l’optimisation du fonds de roulement. L’objectif est que les entreprises maximisent leur financement pour soutenir la croissance, tout en veillant à ne pas consommer du capital ou des liquidités pour des investissements qui n’en valent pas la peine. Si ce pilier ‘Finances’ rejoint notre cœur de métier, EY met à disposition des entreprises participantes une panoplie d’experts dans l’ensemble des domaines stratégiques: ceux liés aux sept piliers, mais aussi aux soft skills ou à la durabilité, un volet sous-jacent des différents piliers. On observe à ce sujet une vraie prise de conscience des entreprises, qui veulent mettre en place une stratégie de durabilité.”

P.R.: “La Wallonie est un eldorado pour les entrepreneurs grâce au soutien des pouvoirs publics et à la facilité de monter des partenariats public-privé. Boost your Growth peut d’ailleurs, à certaines conditions, être financé à 50% par la Région wallonne. En conclusion, le message que j’adresse aux entrepreneurs wallons est: n’ayez pas peur de grandir, allez de l’avant, faites-vous conseiller, profitez des expertises à votre disposition et jouez la carte du networking.”

La petite taille des entreprises wallonnes: une source de vulnérabilité

Président notamment du conseil d’administration de Yamabiko Europe et de la banque CPH, Pierre Rion a dirigé de nombreuses PME. Pour lui, “il est important de contribuer à la croissance des entreprises wallonnes, car le tissu économique wallon est constitué à 99,5% de PME. Pour 350 grandes entreprises de plus de 200 personnes, on compte en Wallonie 80 000 petites entreprises. Sans oublier que chaque PME wallonne emploie en moyenne 9 collaborateurs, contre 11 en Flandre. Ces entreprises doivent croître parce que leur petite taille les rend fragiles et que leurs fonds propres sont souvent insuffisants. À quoi est due cette dimension modeste? À cela, plusieurs explications, la première étant liée à un facteur culturel: les Wallons sont moins entreprenants, plus ‘timides’ que leurs voisins. Ensuite, nous connaissons en Wallonie — comme ailleurs — une pénurie de talents. Enfin, les entrepreneurs wallons craignent de franchir les frontières. Une étude réalisée par EY le confirme: en Wallonie, 9 entrepreneurs sur 10 n’envisagent pas de se développer à l’international.”

Un outil d’évaluation à 360°

“Le Growth Navigator est utilisé par tous les bureaux d’EY dans le monde”, souligne Marie-Laure Moreau. “Cet outil modélise les clés de réussite et les trajets permettant aux entreprises d’atteindre la croissance souhaitée. Il est régulièrement mis à jour à partir des exercices réalisés avec les entreprises participant au programme. L’étude de chaque pilier donne l’occasion à l’entreprise de s’autoévaluer. Cette première étape est déjà d’une grande richesse: le comité de direction doit s’entendre pour estimer le niveau de maturité de l’entreprise dans chacun des piliers. Grâce à une série d’actions proposées par l’outil, il détermine ensuite, pour chaque pilier, le niveau à atteindre dans les trois à cinq ans. Les dirigeants classent ensuite ces actions par ordre de priorité pour parvenir au niveau de maturité voulu dans chaque pilier, en veillant à conserver un équilibre entre les volets. En effet, une entreprise dotée d’une excellente orientation client, mais qui délaisse ses ressources humaines aura des difficultés à réaliser ses ambitions de croissance. Par ailleurs, nous préparons actuellement un programme similaire destiné à soutenir la croissance des start-up et des TPE.”

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Marie-Laure Moreau

Marie-Laure Moreau

responsable Wallonie chez EY